GRANDE EMPOIGNADE AUTOUR DU BUDGET EUROPEEN

Publié le par EVANGELIZT

GRANDE EMPOIGNADE AUTOUR DU BUDGET EUROPEEN

 

«Il faudra prévoir une chemise pour samedi.» Afin d'arracher un accord sur le budget à long terme de l'Union européenne, la présidence luxembourgeoise est prête à prolonger le sommet des 16 et 17 juin. Une journée supplémentaire ne serait pas de trop pour tenter, à l'unanimité, de mettre d'accord les 25 Etats membres autour d'un cadre financier s'appliquant entre 2007 et 2013. Certains gouvernements se montrent radins à l'égard de l'Europe, d'autres excessivement généreux. Les uns réclament de l'argent de Bruxelles pour nourrir leurs agriculteurs, les autres en ont besoin pour désenclaver leurs régions défavorisées. Tous vont se déchirer autour d'une cagnotte d'environ 850 milliards d'euros sur sept ans. Avant la réunion des ministres des Affaires étrangères, dimanche, voici l'état des rapports de forces.


Londres veut sauvegarder son rabais. Chaque année, au moment de libeller son chèque de contribution au budget de l'Union européenne, la Grande-Bretagne bénéficie d'une ristourne d'environ 5 milliards d'euros. Ce privilège lui avait été accordé en 1984, au prétexte qu'à l'époque le pays était économiquement défavorisé et bénéficiait peu des subsides agricoles. Aujourd'hui, le tableau a changé, et la quasi-unanimité des 25 ne veut plus payer la facture britannique qui a tendance, avec l'élargissement, à s'envoler (7,1 milliards d'euros par an prévus en 2007-2013). A elle seule, la France finance le chèque britannique à hauteur de 30%, ce qui explique l'insistance de Paris à réclamer sa suppression. La présidence luxembourgeoise propose de le faire disparaître progressivement à partir de 2007. «Inacceptable», rétorque la Grande-Bretagne, estimant que ce charcutage ferait d'elle, et de très loin, le principal contributeur de l'UE.


La France veut sauver sa PAC. Initialement, le financement de la politique agricole commune ne devait pas figurer à l'ordre du jour de la négociation budgétaire. Le sujet avait été réglé par les Quinze en 2002, et l'accord prévoyait de geler les dépenses agricoles jusqu'en 2013 (38 milliards d'euros en moyenne par an). Le problème est que le schéma financier de l'époque n'avait pas prévu l'adhésion de Bucarest et de Sofia : il manquerait près de 6 milliards d'euros dans le portefeuille communautaire pour aider les paysans bulgares et roumains. Du coup, quelques pays, dont l'Italie, les Pays-Bas et la Grande-Bretagne, suggèrent que l'argent manquant soit ponctionné directement dans les caisses de chaque Etat membre. Ce qui conduirait à une re-nationalisation rampante de la PAC. Hier, Jacques Chirac a déclaré qu'il «n'était pas disposé à transiger sur l'accord unanime de 2002».


L'Europe du Nord exige des économies. Six pays contributeurs nets (qui donnent plus d'argent à l'Europe qu'ils ne reçoivent d'elle) passent pour des radins : ils veulent limiter les dépenses communautaires à 815 milliards d'euros, soit 185 milliards d'euros de moins que les propositions de la Commission. Mais, au sein de ce sextuor, La Haye et Berlin font figure d'ultras. Les Néerlandais ne veulent plus payer pour «Bruxelles». «Le premier ministre néerlandais, Balkenende, est dans une situation très difficile et semble peu disposé au compromis», explique un diplomate européen.


L'Europe du Sud s'inquiète pour ses régions. Soumis à la pression des six «radins», le Portugal, la Grèce, l'Italie et l'Espagne craignent que la politique régionale – dont ils ont tant besoin – ne soit sacrifiée sur l'autel de l'austérité budgétaire. L'Italie évalue à environ 8 milliards d'euros le manque à gagner dont souffriront les régions pauvres du Mezzogiorno. Rome se déclare prêt à utiliser son droit de veto.


Les Dix sont les principaux bénéficiaires. De Vilnius à Nicosie en passant par Prague, les autoroutes ou les voies express pourrait bientôt fleurir : plus de la moitié des 305 milliards d'euros de la politique régionale de cohésion actuellement prévus par la présidence luxembourgeoise bénéficieront aux dix nouveaux Etats membres. Ce souci de solidarité à l'égard de la nouvelle Europe – économiquement défavorisée – est partagé par l'ensemble de l'Union. Seul le montant total de l'enveloppe sera soumis à négociation, plusieurs pays, dont la Suède et l'Autriche, souhaitant rogner sur ce poste budgétaire. Le gâteau à partager entre les «nouveaux entrants» pourrait diminuer.


Sources : http://www.lefigaro.fr/international/20050611.FIG0013.html

Posté par Adriana EVANGELIZT

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